Quand on commence une thérapie, combien de temps durera-t-elle? À combien d’étapes s’attendre? La réponse dépend évidemment de plusieurs variables : le thérapeute, le client et le genre de thérapie entreprise.
Dans mon cas, je préfère parler de «couches».
Pourquoi une thérapie à ce moment-ci de votre vie?
La première consiste à découvrir la raison qui amène la personne en thérapie à ce moment-ci de sa vie, qu’est-ce qui la motive à réserver une consultation.
Habituellement, je pose ma première question «Qu’est-ce qui ne va pas?» ou «Qu’est-ce qui vous amène ici?». Ensuite, j’écoute. Certaines fois, la réponse est précise et des mots comme «anxiété» ou «dépression» se font entendre. D’autres fois, les clients décrivent un exemple de situation vécue.
Qu’est-ce qui vous fait souffrir et depuis combien de temps cela dure?
Je veux le savoir. J’essaye de comprendre la situation et les sentiments qu’elle engendre du point de vue de mes clients. Ensuite, je leur communique ma propre perception de ce qui a été dit, en m’attardant sur les sentiments des clients. J’utilise des mots simples sans rien voiler de la situation.
Rendu là, je peux avoir besoin de préciser depuis quand la situation décrite est subie. Quelques fois, la réponse est depuis toujours. Il peut arriver que la réponse soit plus spécifique, ou encore, que l’occurrence de la situation soit récente (exemple il y a deux mois).
Avez-vous souffert plusieurs fois de cette situation?
Nous plongeons ensuite dans la couche du discernement, à savoir s’il existe des schémas répétés des souffrances et/ou ce qui les déclenche. Je pose des questions sur l’histoire des personnes, en partant d’aussi loin qu’elles se souviennent.
La thérapie pour moi est ce qui se passe entre deux séances : les émotions ressenties et les idées que les clients développent constituent les briques principales de la psychothérapie.
Faire des liens entre la problématique qui vous amène en thérapie et des événements du passé
À mesure que la thérapie évolue, la matière de la séance sera conjointement établie au début de chaque session. Je suis très intéressé de découvrir ce qui se passe pour le client après les premières sessions, les liens qu’ils font et comment ils y réagissent. À cette étape, il est possible que je pose des questions. Je veux faire des parallèles entre la problématique qui a amené le client en thérapie et des événements qui se sont produits dans le passé.
Les étranges mécanismes de survie de notre enfance
Une nouvelle couche se déploie : les symptômes ont-ils servi à quelque chose? À plusieurs reprises durant notre enfance, nous utilisons certains mécanismes qui nous aident à tolérer ou à survivre à certaines situations difficiles. Même si ces mécanismes paraissent étranges dans la vie adulte, pour un enfant, ils sauvent la vie.
Toutefois, continuer à en faire usage dans la vie adulte n’aide pas à réaliser les choses auxquelles nous aspirons (paix de l’esprit, estime de soi équilibrée, être rassuré sur le fait que nous évoluons dans notre vie).
Commencer à faire des changements dans sa vie
Ici commence une autre couche du travail thérapeutique. Nous avons déjà travaillé fort, le client et moi, et nous sommes ensemble dans le processus. Cette étape peut nécessiter plusieurs sessions et le progrès est significatif : les clients travaillent sur eux-mêmes et commencent à apporter des changements dans leur vie. Ils aiment la thérapie et plusieurs fois, ils vivent des choses pénibles. Même si c’est pénible de faire face à la musique, je suis convaincu que c’est moins dommageable que la souffrance engendrée par l’évitement. Chose dans laquelle nous excellons tous.
Faire des liens entre des événements différents de notre vie
Nous voilà maintenant à un point où nous faisons plusieurs connexions. Une autre couche s’ajoute. Si nous avons été capables de résoudre une problématique, nous pouvons désormais regarder notre passé et tenter de résoudre d’autres problématiques ou revisiter certaines périodes spécifiques de notre vie où nous n’étions pas à notre meilleur pour mieux les comprendre et pacifier nos souvenirs.
La fin de la thérapie
À cette étape, plusieurs clients voudront arrêter la thérapie. Nous sommes quelque part entre 8 et 30 sessions dans le processus et comme je l’ai expliqué dans d’autres articles, généralement, ce n’est pas moi qui décide de mettre fin à la thérapie, mais le client.
Certains préfèrent continuer jusqu’à être certains de pouvoir évoluer seuls ou que plus aucune problématique ne se présente. D’autres décident d’arrêter à cette étape. Quelques clients reviennent des années plus tard lorsqu’ils traversent une situation particulière ou simplement pour regarder ensemble des choses spécifiques. Les clients apprennent à utiliser les outils et s’en servent pour résoudre à leur manière la plupart des nouvelles problématiques auxquelles ils font face.