Une bonne thérapie, par David Mibashan

Une bonne thérapie

Table des matières

Psychologue chevronné avec plusieurs dizaines d’années de pratique au compteur, David Mibashan est nouveau dans l’équipe de Meetual. Nous sommes très fières de proposer ses services à notre clientèle et confiantes que son aide impactera la vie de ses clients de façon significative. David pratique en anglais, en espagnol et en français. Le français est sa 3e langue, mais il est confortable avec les clients francophones. Dans ce premier article qu’il propose pour le blog de Meetual, David nous fait découvrir son parcours.

Une bonne thérapie

Il y a plus de 30 ans, j’ai déménagé à Ottawa. Je découvrais mes repères dans une nouvelle université en même temps que je mettais fin à une relation amoureuse de longue date. J’avais besoin de thérapie, j’en étais conscient. J’avais terminé mon bac et ma maîtrise en psychologie et j’avais suivi plusieurs thérapies tout au long de ma vie sans qu’aucune ne m’aide véritablement. Je me suis informé et je finis par avoir le nom d’un thérapeute à Hull. Mon premier rendez-vous a eu lieu en hiver, un vendredi glacial, à 9 heures du soir. Il m’a posé une seule question : “Qu’est-ce qui fait mal?” J’ai parlé un bon bout de temps. Sa compréhension de ma situation m’a ému et surpris.

Changements

Quelques séances plus tard, dans la salle d’attente de Bill, j’observais les ombres du faible soleil du printemps naissant sur les meubles quand il m’apparut clairement que je devais travailler sur trois choses : 1) Où je voulais habiter; 2) Avec qui?; 3) Quel genre de travail je voulais.

Deux ans plus tard, après plusieurs rencontres toutes les deux ou trois semaines, la thérapie tirait à sa fin et je savais désormais à quoi m’en tenir. De nombreux progrès avaient été réalisés pour atteindre mes objectifs. Plus important encore, le parcours pour atteindre ces objectifs avait été agréable et réconfortant.

Il y a quelques années, longtemps après avoir fini ma thérapie, je réalisais à quel point l’influence de Bill avait été grande dans ma vie : mon travail me plaisait, j’étais marié avec la personne avec laquelle je me sentais bien (le mariage a eu lieu un an après la fin de la thérapie) et je vivais dans la ville où j’avais grandi.

Études et travail

J’ai fini un doctorat en psychologie clinique à l’Université d’Ottawa au début des années 90. Après de nombreuses années d’internat dans des hôpitaux, des cliniques de santé mentale et des services de consultation, j’ai choisi de travailler avec la psychothérapie brève centrée sur le client. Selon moi, la plupart des situations problématiques que nous vivons sont reliées au fait que nous essayons de nous mentir à nous-mêmes (la seule personne au monde à qui on ne peut certainement pas mentir, c’est soi-même). Nous nous efforçons de nous convaincre que nous aimons ce que nous n’aimons pas ou que les problèmes vont finir par disparaître.

Nous, humains, nous essayons de nous protéger souvent sans réaliser que nous trébuchons plusieurs fois sur le même obstacle (par exemple en choisissant des partenaires qui ne nous font pas du bien; en nous promettant à nous-mêmes que nous allons perdre du poids ou arrêter de fumer, et c’est une nouvelle frustration qui est au rendez-vous). Nous ne sommes pas entièrement responsables d’agir de manière préjudiciable à nous-mêmes. Nous vivons dans une société très compétitive où bien paraître et nier les problèmes est un message constamment présent dans notre environnement. De plus, de nombreuses personnes n’ont ni les compétences ni la volonté nécessaires pour tenter de changer.

Changer fait peur. Cela implique de prendre des décisions, de courir des risques, mais surtout, la peur de la liberté peut paralyser. Être libre fait peur parce que nous devenons responsables des chemins que nous prenons. Il y a là une grande contradiction: on veut être libre et capable de décider quelle direction prendre. Toutefois, plusieurs personnes reculent et choisissent de ne pas être libres. Pourquoi? Probablement, parce qu’elles sont insécures et manquent de confiance en leur force intérieure.

Méthode

Je rencontre des clients en consultation depuis quarante ans (j’ai commencé à l’université en janvier 1981). Mon objectif est de comprendre ce qui fait mal et aussi ce qui est considéré comme un progrès ou un pas en avant par les clients. Étonnement, les clients veulent souvent des choses (carrières, hobbies) qu’ils aiment depuis leur adolescence voire plus tôt encore.

Pour progresser, on doit être honnête envers soi-même, avoir le courage de ressentir ce qui fait mal et souffrir un temps, découvrir ce que nous voulons et enfin, accepter où nous en sommes maintenant même si nous sommes coincés.

De quels outils disposons-nous pour aider les clients à progresser? Avant toute autre chose, l’écoute intensive. Écouter vraiment quelqu’un est une des tâches les plus difficiles que l’on puisse imaginer. Dans la vie de tous les jours, quand quelqu’un parle, la personne qui écoute catégorise ce que la personne qui parle est entrain de dire ou bien pense à ce qu’elle va répondre ou encore, se remémore une “anecdote savoureuse” à raconter dès que l’autre personne cessera de parler, et quelquefois avant même que cette dernière ait fini de parler.

L’écoute aide le thérapeute chevronné à comprendre, d’une manière profonde, ce que les clients vivent. Il devient alors important de refléter les émotions ressenties par les clients afin de leur faire savoir que l’on a compris ce qu’ils ressentent. À partir de là, si le thérapeute a une bonne relation avec le/la client.e, et qu’il n’a pas peur de toucher aux questions délicates, la thérapie progresse.

Au début de mes études, un de mes grands professeurs, Josef Schubert (Université de Régina), nous a fait écouter deux enregistrements de sessions. Une bonne et une mauvaise. Il nous expliqua pourquoi. Dans la mauvaise session, le thérapeute changeait de sujet quand il devenait profond ou épeurant.

Le succès d’une thérapie est mesuré par les clients, généralement par les changements qui se produisent dans leur vie. Ces changements peuvent prendre des semaines, des mois ou des années,
comme mettre fin à une carrière ou commencer une nouvelle. Je crois fermement que les projets sont la moelle épinière du bonheur. Étudier, développer une entreprise, créer, former une famille, avoir un hobby sont tous des projets. Même perdre du poids et apprendre à pratiquer un sport sont des projets. La plupart des projets comportent des jalons qui prouvent que nous progressons. Je suis resté en contact avec certains clients de nombreuses années après la fin de leur thérapie. C’est très réconfortant de voir des clients avancer dans la vie dix ou quinze ans après la thérapie.

Je peux me remémorer plusieurs clients qui ont changé de domaine d’études ou de carrière, qui ont mis fin à des relations compliquées ou renforcé des relations familiales longtemps négligées ou encore qui se sont rétablis de leur dépendance et bien d’autres choses qu’ils ont décidé d’entreprendre. La plupart d’entre eux n’apparaîtront pas dans les couvertures des magazines connus. Mais ils sont satisfaits et c’est le mieux qu’une personne peut avoir.

Points importants

  • La thérapie est ce qui arrive entre les sessions. Lorsque notre conscience est un peu à “off”comme au moment de nous réveiller ou pendant une tâche répétitive, c’est là que, généralement, nous réalisons des choses importantes sur nous-mêmes.
  • Une fois que l’on sait quelque chose, c’est impossible de ne pas le savoir. Alors, si on réalise qu’on a peur de quelque chose, il est préférable d’avoir le courage de vivre notre émotion, de la ressentir plutôt que de la renier, car elle ne disparaîtra pas et le prix à payer sera élevé.
  • Nous ne sommes frustrés que relativement à nos attentes. Les longues files maintenant, en temps de COVID, ne me frustrent pas, car je sais qu’il n’existe pas d’autre alternative.
  •  Le bonheur n’est pas la même chose que le plaisir. Le bonheur est un état de bien-être. Il n’est pas permanent, mais nous savons qu’il est accessible. Le plaisir est une vague d’émotions. Rien de mal à cela, mais le plaisir ne peut pas remplacer le bonheur.
  • Quand on fait quelque chose sans penser à rien d’autre, alors cette chose était vraiment agréable et nous a procuré du bonheur.
  • Avoir une “zone de confort” n’est pas toujours une mauvaise chose.
  • Ne pas prendre de décision EST une décision
  • Lorsqu’on remet en question une décision du passé, il est utile de se rappeler des circonstances qui ont entouré cette décision.
  • On a presque tous un secret qu’on n’a pas révélé ni à notre meilleur.e ami.e, ni à notre thérapeute ni même à nous-mêmes. Découvrir ce secret peut débloquer.
  • On ne peut pas changer le passé. Mais on peut changer le présent et donc l’avenir aussi.

COVID La pandémie a bouleversé le monde de façon significative. Il n’existe pas de recette universelle pour rester fort mentalement. Les gens sont affectés de différentes façons. La pandémie peut soulever des problèmes reliés au COVID, mais elle peut aussi intensifier des émotions que nous ressentions avant ce virus. Comme pour toute situation extrême que nous pourrions avoir à affronter dans la vie, nous devons nous endurcir pour mener à bien les tâches quotidiennes et en même temps, vérifier en nous-mêmes si une aide extérieure est nécessaire.

Résumé

Tout au long de mes années comme étudiant, client, thérapeute et superviseur, j’ai rencontré beaucoup de bons thérapeutes. J’ai toujours eu du mal à le définir, mais ils ont tous quelque chose en commun, malgré les langues, les cultures et les pays. Cela a probablement à voir avec leur propre expérience de la souffrance et du changement, leur souci des autres, l’attention accordée généralement aux gens et à leurs motivations, et enfin à leur conviction que le changement est possible. Les apprentissages théoriques et les méthodes sont secondaires par rapport à leur attitude et à leur conviction que des temps meilleurs s’en viennent.

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David Mibashan
David Mibashan
David Mibashan est le genre de psychologue que ses collègues auraient préféré ne pas avoir comme collègue. Pourquoi? Parce qu'on l'aurait voulu comme psychologue. David Mibashan a passé les 35 ans dernières années à peaufiner son écoute et son accompagnement. Il se perçoit comme un partenaire pour aller droit au cœur du problème. Vous progresserez, aucun doute là-dessus. «Quand les clients sont capables de se visualiser libérés de leur fardeau, il en reste moins long à faire», précise-t-il. David Mibashan travaille en anglais, en espagnol et en français. À noter qu'il est confortable en français, mais que cela demeure sa troisième langue.

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