Pardonne-moi pas

Forgive me not

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Se remémorer des choses difficiles dans un cadre bienveillant

Une question qui revient souvent en thérapie est celle du pardon. De nombreux clients abordent en thérapie des problèmes survenus dans leur enfance ou leur adolescence. Soit ils les mentionnent au début de la thérapie, soit ils émergent en cours de route.

Des parents négligents, la maladie, l’alcoolisme dans la famille, la violence, les abus sexuels sont des sujets fréquents et généralement délicats à aborder en thérapie. Plusieurs approches sont possibles, vu que chaque client est différent. Parmi les émotions qui font surface dans ce genre de situation, il y a la peine, la rage, l’incrédulité et l’horreur.

En tant que thérapeute, j’essaie de guider mes clients afin qu’ils soient le plus authentique et le plus proche possible de la jeune personne qu’ils étaient au moment où ces blessures leur ont été infligées. Le processus est profond et implique de se souvenir d’événements douloureux. À la différence que, cette fois-ci, ce qui fait mal sera remémoré en toute sécurité, dans un cadre thérapeutique empli de bienveillance et de discernement.

 

Comment j’ai réagi à l’époque

J’encourage les clients à se souvenir de leurs réactions authentiques pendant les évènements blessants. D’habitude, ils réalisent que leur façon de réagir à l’époque était la meilleure vu les moyens dont ils disposaient à cet âge, pour faire face à la situation. La rébellion, l’indifférence, le déni et les autres mécanismes favorisés à l’époque sont dorénavant considérés comme des moyens de survie.

Au fin fond d’eux-mêmes, les gens sont conscients qu’en tant qu’enfant, ils méritent une prise en charge et une vie meilleure. Reste qu’il est difficile de réaliser que la vie ne leur a pas offert ces choses auxquelles ils avaient droit.

 

Créer un sentiment de soulagement

Lorsque ce genre de problématiques douloureuses sont travaillées plusieurs années plus tard en thérapie, un sentiment de soulagement profond s’installe petit à petit chez les clients. Il devient plus facile d’en parler et de comprendre que les solutions de l’époque étaient appropriées.

Par ailleurs, si les clients comprennent bien que ces situations ne se répéteront jamais, c’est aussi un fait indéniable qu’elles font partie inhérentes d’eux-mêmes pour toujours. Il n’en demeure pas moins que reprendre contact avec l’enfant qu’ils étaient est réconfortant, rassurant et surtout thérapeutique.

 

Pardonner ou pas ?

Quand le travail sur le passé progresse, certains clients se demandent s’ils doivent pardonner à leurs parents. Il s’agit d’une question profonde et elle n’implique pas seulement la thérapie. C’est une décision personnelle et les religions ne s’accordent pas toutes sur l’approche à favoriser.

Certaines personnes pensent que sans pardon, aucune évolution n’est possible dans la vie. D’autres continuent de ressentir de la colère envers les responsables de leurs blessures et refusent de pardonner. Plusieurs clients tentent, et parviennent pour la plupart, de comprendre les raisons qui ont motivé leurs parents/auteurs à agir comme ils l’ont fait. Cette approche est très humaine et aide également les clients à passer à autre chose.

 

Mon avis personnel

Selon moi, pardonner n’est pas une condition nécessaire à la guérison. La base du travail thérapeutique et le fondement de notre moteur pour avancer dans la vie reposent sur :

  • une meilleure connaissance de l’origine de certains de nos problèmes,
  • la réminiscence de nos réactions de l’époque,
  • ressentir au présent les émotions ressenties à l’époque en plus des nouvelles qui
    s’ajoutent,
  • et comprendre pourquoi ces actes se sont produits.

Le pardon est une décision personnelle.

Une dernière remarque sur le titre de cet article. «Forgive me not*» est proche phonétiquement de «Forget me not». Et cela – Forget me not – est peut-être l’une des meilleures choses à laisser derrière soi.

*Cet article a été rédigé en anglais par Dr David Mibashan.

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David Mibashan
David Mibashan est le genre de psychologue que ses collègues auraient préféré ne pas avoir comme collègue. Pourquoi? Parce qu'on l'aurait voulu comme psychologue. David Mibashan a passé les 35 ans dernières années à peaufiner son écoute et son accompagnement. Il se perçoit comme un partenaire pour aller droit au cœur du problème. Vous progresserez, aucun doute là-dessus. «Quand les clients sont capables de se visualiser libérés de leur fardeau, il en reste moins long à faire», précise-t-il. David Mibashan travaille en anglais, en espagnol et en français. À noter qu'il est confortable en français, mais que cela demeure sa troisième langue.

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