Virtualité, la suite

Virtuality, the sequel

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La thérapie, pour moi, est un processus par lequel les clients sont capables de « mettre toutes les cartes sur table », de regarder leur vie, de vivre les émotions ressenties au cours des bonnes et des mauvaises périodes pour décider quelles choses doivent être acceptées et quelles autres choses qui ne peuvent pas l’être doivent être changées pour se sentir plus libres et affronter le reste de leur vie d’une manière plus productive et satisfaisante.

 

Ajustements nécessaires au milieu des années 90 

Au milieu des années 90, j’ai voyagé à l’étranger pendant une période prolongée.  Je voyais des clients en personne dans mon bureau et la thérapie devait être poursuivie avec certains d’entre eux.

 

La solution était d’utiliser le courrier électronique et à ma grande surprise, tout a fonctionné. Certains ajustements étaient toutefois nécessaires des deux côtés, comme s’habituer à une réponse différée et accepter l’éventualité que certains courriels se perdre dans le processus.

 

Finie la routine suivie pendant des décennies, partout dans le monde, où le client avait un horaire hebdomadaire fixe, se rendait au bureau du thérapeute, attendait dans la salle d’attente où était directement conduit au cabinet de consultation.  En ce temps-là, le monde était enfermé entre quatre murs, les émotions étaient autorisées, on se libérait de ses secrets en parlant à notre thérapeute ou à nous-mêmes.  La fin de la séance consistait en un retour vers le monde extérieur. Cendrillon craignait l’approche de minuit. Certaines séances étaient si intenses et délicates que, souvent, je recommandais aux clients une pause dans un café pour décanter avant de reprendre le volant de la voiture. 

 

Les clients qui ont continué la thérapie par courriels en ont tiré profit.  Dans la plupart des cas, cela n’a pas duré, car sans même avoir à en parler, nous naviguions dans des eaux inconnues, le but de la thérapie par courriel était de cibler les problèmes majeurs et faire une synthèse de toutes les séances pour permettre aux clients de poursuivre leur vie.  Comme les thérapies étaient irrégulières en durée et en fréquence, je ne les ai pas facturées.

 

Il y a cinq ans, on m’a demandé de faire des entrevues de suivi avec le personnel d’une entreprise qui avait déménagé dans d’autres provinces. Skype était l’outil à privilégier et j’avais à apprendre à m’en servir. J’ai remarqué que les entretiens étaient plus courts que les entretiens similaires menés en face à face.  J’ai aussi remarqué que les interviewés avaient tendance à se laisser distraire par d’autres choses (messages téléphoniques par exemple) ou qu’ils n’avaient pas assez d’intimité pour parler librement.  Cette expérience a entraîné quelques ajustements et changements, mais malgré ceux-ci, je ne me sentais toujours pas très à l’aise avec la méthode.

 

Ajustements nécessaires pendant la pandémie

Au début de la pandémie, nous avons tous dû changer nos façons de faire.  Ce qui était autrefois pratique courante était soudainement interdit ; nous avions désormais à composer avec l’incertitude relative à la contamination et à la force de frappe du virus. Il a fallu s’adapter à de nouvelles règles scolaires, de nouvelles règles de travail, une nouvelle vie sociale.  Les voyages ont été réduits, les vacances ont radicalement changé.  Nous avions aussi nos propres problèmes à gérer (émotions, maladies antérieures, situations familiales, humeurs).  Le besoin de thérapie a augmenté alors que la thérapie en face à face est devenue interdite dans la plupart des pays.  

 

La solution qui s’imposait était la virtualité, mais là encore, avec beaucoup de points à clarifier. Est-ce que ça marcherait ?  Les clients et les thérapeutes s’y adapteront-ils ?  Qu’en est-il des endroits avec une mauvaise connexion ou encore des clients dépourvus d’espace intime pour pouvoir parler librement ?

 

Comme dans la plupart des urgences, il faut agir.  Je suis passé au virtuel sans être vraiment satisfait au début.  Les clients n’étaient pas habitués à « montrer » leur maison et certaines personnes avaient du mal à utiliser la technologie. De plus, j’ai réalisé que l’utilisation des signes non verbaux dans mon travail, tels que la posture du corps, le déplacement dans le fauteuil ou jouer avec les mains ne m’était pas si familière. J’ai donc suivi des cours pour me perfectionner et pratiqué des jeux de rôles avec mes collègues d’un groupe de supervision de longue date.

 

Je me suis habitué à la méthode virtuelle et je me sens maintenant à l’aise pour la pratiquer. Dernièrement, j’ai remarqué une chose intéressante : l’efficacité de la thérapie en ligne semble très élevée. Selon moi, de nombreux facteurs peuvent expliquer cela :

  •  Les gens ont besoin d’une thérapie et il n’y a pas de temps perdu dans la séance;
  •  L’écran permet une concentration totale, sans distractions;
  •  Le confort d’être à la maison avec sa boisson préférée dans sa tasse préférée est inégalable.

 

À cela, un autre facteur s’ajoute.  L’image que j’ai des clients est généralement leur visage, avec un détail que je n’avais pas dans mon bureau.  Il y a quelques mouvements mineurs que je peux maintenant sentir, tels une dilatation ou une brève contraction des pupilles et un rougissement des joues. Bien sûr, je n’ai pas de preuve scientifique, mais je constate que ma lecture des émotions des clients est très précise. 

 

Il y a une connexion entre le client et le thérapeute que les écrans facilitent. Comme je travaille avec les émotions, je peux par conséquent aller plus loin et aider les clients à atteindre leurs objectifs plus rapidement.

Je sais que mes hypothèses sur les raisons de l’efficacité de la thérapie virtuelle peuvent être fausses.  Ce que je sais avec certitude par contre, c’est que les clients avancent et qu’ils se sentent mieux.

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David Mibashan
David Mibashan est le genre de psychologue que ses collègues auraient préféré ne pas avoir comme collègue. Pourquoi? Parce qu'on l'aurait voulu comme psychologue. David Mibashan a passé les 35 ans dernières années à peaufiner son écoute et son accompagnement. Il se perçoit comme un partenaire pour aller droit au cœur du problème. Vous progresserez, aucun doute là-dessus. «Quand les clients sont capables de se visualiser libérés de leur fardeau, il en reste moins long à faire», précise-t-il. David Mibashan travaille en anglais, en espagnol et en français. À noter qu'il est confortable en français, mais que cela demeure sa troisième langue.

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