La colère… et la soucoupe.

La colère… et la soucoupe.

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Savez-vous à quel âge l’être humain se situe au sommet de son agressivité ?

3 ans. C’est jeune n’est-ce pas? Pourtant, c’est tout à fait compréhensible puisque son cerveau est assez développé pour avoir conscience qu’il est une personne à part entière, mais pas suffisamment pour être capable de réguler ses émotions.

Il est donc fréquent et normal qu’un enfant ait de la difficulté à réguler ses émotions. Son cerveau en développe graduellement la capacité. Lorsque les enfants éprouvent des émotions puissantes qu’ils ne peuvent pas contrôler, cela peut “éclater” en crise de colère… et faire surgir toutes sortes de comportements.

Comme une tasse… qui déborde. Et nous, les parents, nous sommes la soucoupe, sous cette tasse. Notre rôle est d’accueillir ce trop plein. Car trop plein, il y aura. Puisque la régulation est toujours en apprentissage.

 

Des enfants différents

Certains enfants, un peu plus vieux, ont appris, justement, qu’il existe certains comportements que leur parent ne peut ignorer. Il est alors possible que l’enfant agisse ainsi parce que cela leur donne ce qu’ils veulent, soit un gain tangible (Ipad, chocolat, jouet) soit de l’attention. Ici, il convient de se rappeler qu’une attention positive et une attention négative ont le même pouvoir renforçant. Rappelons-nous également qu’un comportement répond à une fonction et que celui-ci sera maintenu tant qu’il apportera un gain.

ll y a également des enfants qui ont du mal à rester calmes, car ils sont exceptionnellement sensibles. Ils vont alors réagir fortement et parfois pour très peu. Ils peuvent aussi se contenir et accumuler jusqu’à explosion, une fois de retour à la maison. Ces enfants peuvent, non seulement ressentir les choses plus intensément et plus rapidement, mais ils sont souvent plus lents à retrouver leur calme. Des sentiments inhabituellement intenses peuvent également rendre un enfant plus enclin à des comportements impulsifs.

 

Ce qui est important à comprendre

Il est important de prendre en compte, lors d’un excès émotif, que les enfants sont à ce moment submergés par leurs émotions: le côté émotionnel du cerveau ne communique pas avec le côté rationnel, qui normalement régule les émotions et planifie la meilleure façon de faire face à une situation. On parle alors de « dysrégulation émotionnelle ». Raisonner avec un enfant lorsqu’il est dans cet état n’est donc pas stratégique. Pour faire un retour sur ce qui s’est passé, il faut attendre que les facultés rationnelles de l’enfant soient de nouveau disponibles, une fois qu’il se sera calmé.

Les parents peuvent aussi aider leurs enfants à comprendre comment fonctionnent leurs émotions. Ceux-ci ne passent pas du calme aux sanglots par terre en un instant. Cette émotion s’est construite au fil du temps, comme une vague. Les enfants – et les adultes! – peuvent apprendre à se contrôler en remarquant et en étiquetant leurs émotions plus tôt, avant que la vague ne devienne trop grosse à gérer.

 En tant que parent, on peut aussi être tenté de minimiser les émotions négatives, car on veut que nos enfants soient heureux. Mais ceux-ci ont besoin d’apprendre que nous avons toute une gamme d’émotions, pour ne pas créer une dynamique où seulement le bonheur est bon.

 

Quelques outils…

C’est une bonne idée de servir de modèle pour les jeunes enfants en décrivant nos propres émotions et en élaborant des stratégies en rapport avec notre vécu émotionnel. Ainsi, lorsqu’un enfant a l’impression d’être envahi par de grandes émotions, nous pouvons l’aider à reconnaître ses émotions en lui proposant de classer son intensité de 1 à 10, 1 étant plutôt calme et 10 étant furieux. Un exemple de modelage: si j’oublie quelque chose que je voulais apporter pour une sortie, je peux reconnaître que je me sens frustré et dire que je suis à 4. Ça peut sembler un peu idiot au début, mais cela apprend aux enfants à faire une pause et à remarquer comment ils se sentent. Pour certains enfants plus jeunes, une aide visuelle comme un thermomètre des sentiments peut aider.

La validation est aussi un outil puissant pour aider les enfants à se calmer en leur communiquant que nous comprenons et acceptons ce qu’ils ressentent. Ce n’est pas la même chose qu’un accord. C’est sans jugement.

On n’essaie pas de changer ou de réparer quoi que ce soit. Une validation efficace signifie accorder une attention totale à votre enfant: être parfaitement à l’écoute permettra de remarquer son langage corporel et ses expressions faciales et vraiment essayer de comprendre son point de vue. On peut aussi lui demander: “Est-ce que je comprends bien ?”. Si on ne comprend vraiment pas, on peut alors dire: “j’essaie de comprendre”.

 

En conclusion

Aider les enfants en leur montrant que nous les écoutons et en essayant de comprendre leur expérience peut aider à éviter un comportement explosif lorsqu’un enfant se dirige vers une crise de colère. 

Dans un prochain article, nous verrons comment l’analyse fonctionnelle du comportement peut nous aider à comprendre le besoin qui se cache derrière l’expression de comportements plus intenses. Nous verrons également d’autres stratégies pour aider notre enfant avec ses “trop plein”, en remplissant notre fonction de soucoupe!

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Danielle Perrier
Danielle Perrier a obtenu le titre de psychoéducatrice suite à son admission à l’Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec (OPPQ). Elle a 10 ans d’expérience en intervention directe auprès d’enfants ayant soit un retard de développement soit un trouble du spectre de l’autisme (TSA). Elle travaille aussi avec la famille, notamment en soutenant les parents et en les guidant dans les stratégies d’intervention avec leur enfant.

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